L'Histoire de la Chapelle de Milon


merci à Jocelyne Bellon, Milonaise, pour cette chronique historique


Église de l’Assomption de la très Sainte Vierge

aux XIIe et XIIIe siècles

L'église semble avoir toujours été dédiée à la Vierge Marie.

Autrefois, la rivière le Rodon délimitait les territoires de la Châtellerie de Magny l'Essarts et de la Châtellerie de Chevreuse. Sur la châtellerie de Magny l'Essarts, dès le XIIe siècle, sur la rive gauche du Rodon se trouvait une chapelle. La plus ancienne mention connue à ce jour est un écrit, rédigé sous le règne de St Louis, l'érigeant en paroisse. La chapelle devient ainsi église.

Deux hypothèses pour son origine :

- Celle de l'Abbé Lebeuf dans son "Histoire du Diocèse de Paris", tome VIII (1757) selon lui, la chapelle pourrait avoir été bâtie vers la fin du XIième siècle par Milon, Seigneur de Chevreuse, courtisan du Roy Robert et homme de confiance d'Eudes, Comte de Chartres.

- Celle du Baron Frédéric de Reiffenberg (1876) qui pense qu'elle doit sa construction au début du XIIe siècle au Châtelain de Magny, dont dépendait le lieu de la Chapelle.

La seconde hypothèse semble la plus probable, d'autant plus qu'un acte datant de la fin du XIIe siècle fait mention d'un legs par Adam de Chateaufort, Seigneur de Magny au prêtre de la chapelle, de 1 muid (18 hectolitres) de blé provenant du moulin de la machine. Le moulin de la machine est un des nombreux moulins installés sur le Rodon.

Il ne reste pas d'élément visible de la chapelle primitive


au XVIIe siècle

Le village de MILON, sur la rive droite du Rodon, formait une seigneurie distincte de celle de la Chapelle. À partir de 1589 les

deux seigneuries de Milon et de la Chapelle entre dans la famille de Besset et ce jusqu'en 1764.

Les deux villages de la CHAPELLE et de MILON, malgré leur proximité étaient spirituellement séparés. La Chapelle était une

paroisse depuis St Louis. Ses habitants assistaient à la messe ici même.

Milon dépendait de Chevreuse et ses habitants devaient donc se rendre à l'église de Chevreuse. L'hiver, le chemin qui

menait à Chevreuse devenait impraticable, privant les habitants de la messe dominicale. Or, manquer la messe dominicale était à l’époque un péché.

En 1672, les deux seigneurs, qui étaient frères, Raymond de Besset, seigneur de Milon et Henri de Besset, seigneur de

La Chapelle, par une remontrance, demandèrent au curé de Chevreuse que Milon soit spirituellement rattaché à la

paroisse de La Chapelle.

Le curé de Chevreuse préférant perdre des paroissiens plutôt que des âmes accepta la requête.

Dans le choeur étaient inhumés Marie de Besset et son fils Raymond.

Leurs tombes ont disparues (probablement enfouies) au cours de la reconstruction du XVIIIe siècle.

Éléments XVIIe siècle

Cloche en tonalité de si, pesant 40kg et datée de 1613. L'inscription "IE FVS FAICTE POUR SERVIR LA CHAPELLE DES VAVLX LAN 1613" laisse à penser qu'elle appartenait aux Vaux de Cernay (achetée et installée en 1964).

Plaque mortuaire de Marie de Besset et de son fils Raymond, scellée dans le porche.



au XVIIIe siècle

La Chapelle fût rebâtie dans les premières années du XVIIIe siècle, avant la destruction de Port Royal.

De cette reconstruction date le plafond "à la française" et le baptistère Les habitants des deux villages de la Chapelle et

de Milon séparés en deux communes, mais avec même clocher furent enfin réunis administrativement en 1791 dans leur propre commune appelée MILON la CHAPELLE.

À la révolution la Chapelle et le Presbytère furent confisqués au profit de la République. Ils furent vendus au citoyen Pierre Joseph Beauvilliers, traiteur à Neuilly pour la somme de 6510 francs dont 900 francs pour l’église. L'an V de la

république, la Chapelle de Milon pouvait être assimilée à une gargote. Ce scandale cessa grâce à une souscription des habitants de l'endroit. Elle fût ainsi rendue au culte.

Éléments XVIIIe siècle

Un Christ en Croix du XVIIIe siècle (la Croix est postérieure) 

 

Le plafond « à la française » ou « tant-plein-que-vide » est constitué de solives qui ont à peu près la même largeur que les vides entre elles (entrevous).

Le baptistère en marbre sarrancolin est un ancien bassin à rafraîchir vraisemblablement installé au cours de la reconstruction du XVIIIe. Les bassins à rafraîchir étaient installés dans les pièces de réception des châteaux. On y mettait les bouteilles de vin à rafraîchir dans de l'eau et de la glace.

La cloche en tonalité de sol de 75kg. Il est inscrit sur la cloche : L'an 1762, j'ai été bénite par Messire CHAUVEAU, faisant fonctions curiales, et nommée MARIE ANNE LE ROY, épouse de Messire Nicolas Pierre de Besset.



au XIXe siècle

En 1874 la Chapelle n'a pas de desservant. C'est le curé de St Lambert qui remplit les fonctions du saint ministère. 

Éléments XIXe siècle

Dans le choeur : 2 vitraux offerts par des paroissiens, l'un représente St-Pauline (sainte protectrice de la fille du donateur) et l'autre St-Jean l'Évangéliste.

Dans la nef : le tableau de la Vierge du XiXe représentant l’Immaculée  Conception. Il est peint dans le goût du XVIIIe. Il est signé SMZ et date de 1855. Il pourrait avoir été peint par Mme Molot qui était propriétaire de la ferme de Romainville.

Dans la nef également : le chemin de croix est constitué d'une série de douze tableaux exécutés entre 1874 et 1876 par un peintre du nom de Marie Vicco. Marie Vicco était la grand-mère de la comtesse Philipon. 



au XXe siècle

Dons du Comte et de la Comtesse Philipon

Le Comte Philipon (né en 1869, mort en 1935) et son épouse la Comtesse Pauline (1881 – 1920) étaient les propriétaires du château de Vert-Coeur qui se trouve à mi-chemin de la côte de Romainville et qui abrite maintenant la Fondation Anne De Gaulle. Le domaine leur a été offert par le père du comte René Philipon, Edmond Philipon à l'occasion de leur mariage en 1900. Ils y firent construire un petit château à l'image de celui des Breteuil dont ils étaient amis. Grands mécènes et grands croyants, ils ont marqués l’église de Milon de leur empreinte par leur dons.

  •  Le chemin de Croix déjà cité
  • Deux rares exemplaires dans les Yvelines de vitraux des années 30 : Notre Dame de la Salette et Notre Dame de Lourdes

Sur le vitrail de Notre Dame de la Salette l'apparition le 19 septembre 1846 à deux petits bergers, Mélanie et Maximin d'une "Belle Dame". La Belle Dame est en pleurs parce que son fils n'est pas écouté. Elle leur délivre cependant un message d'espérance qu'elle leur demande de faire passer à tout son peuple. "Si les hommes se convertissent, les pierres deviendront des monceaux de blé.'

La Comtesse avait une dévotion particulière pour Notre Dame de la Salette. Elle était sûre que les prières incessantes qu’elle lui adressait avaient sauvé des membres de sa famille au cours de la Grande Guerre.

Le Comte et la Comtesse avaient entrepris de participer à la construction d’une église à Suresnes dédiée à notre Dame de la Salette. Cette église ne fût jamais achevée. Elle figure sur le vitrail.

En pendant une autre apparition de la Dame à Bernadette Soubirous à Lourdes. 


Le bas-relief en plâtre, oeuvre du sculpteur Georges Saupique, ami du Comte Philipon

 Georges-Laurent Saupique est né le 17 mai 1889 à Paris (19e) et mort le 8 mai 1961 à Paris (6e). Après une scolarité au collège Stanislas, puis au lycée Henri IV, Paris, il fut élève, puis professeur à l'École des Beaux-arts de Paris. Il épousa Jacqueline Bouchot (1893-1975), professeur à l'École du Louvre, conservateur en chef au cabinet des dessins du Louvre, fille de Henri Bouchot (1849-1906), de l'Institut, conservateur du cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale à Paris. Sans postérité.

Parmi ses oeuvres, quatre allégories des colonies : L'Afrique noire, L'Indochine, L'Afrique du Nord, et Les Antilles, en marbre de couleur et bronze, mesurant près de 2 m de hauteur.

De 1933 à 1936 est bâtie en périphérie de Paris la nouvelle église du Sacré-Coeur de Gentilly, pour la Cité universitaire. Il réalise toutes les sculptures, en pierre, ainsi que les quatre anges de bronze du clocher. À l'intérieur de l'église on peut également découvrir sa sculpture du Sacré-Cœur.

Il est en outre l'auteur d'une des sculptures en bronze du Mémorial de la France combattante au mont Valérien.

Le bas-relief de l'église de Milon qui représente La résurrection des poilus, est l'épreuve en plâtre d'un autel sculpté par Saupique dans du marbre blanc. 

Rénovation des années 60

Dans les années 60, après Vatican II, la destruction de l'ancien autel a permis l'installation d'une petite sacristie (qui jusque là était matérialisée par un grand rideau de velours vert derrière l'autel), séparée du chœur par une grande croix en vitrail conçue par le maître verrier Paul Martineau qui laisse entrevoir par transparence le vitrail de Notre Dame de l'Assomption.

Paul Martineau, ancien St Rémois, vit désormais à Denneville dans la Manche.



et au XXIe siècle !

En 2014, a été installée au pied de la Croix du XVIIIe une petite Icône de l'Annonciation. Elle a été offerte par une

habitante de Milon, Madame Claude Nanquette, et écrite par sa cousine Françoise Buire Nouveau, iconographe qui vit et

exerce à Vézelay.